Depuis 1983, la semaine aux États-Unis vise tantôt à faire découvrir en direct le pilotage d’entreprises en avance de phase qui ont su réussir leur transformation face aux innovations, tantôt des start-ups qui défrichent et nous entraînent dans un nouveau monde. A ce titre, les thèmes du metaverse, des NFT et de la réalité virtuelle seront très prégnants cette année mais nous aborderons également les enjeux d’automatisation à grande échelle grâce à la sophistication des algorithmes IA et de leur capacité à collecter et analyser de grandes quantités de données avec des gains certains d’optimisation, de productivité et de création de valeur pour la relation client notamment. Enfin, la scénarisation de contenus ou univers expérientiels addictifs et la place de l’humain dans ce monde de robots qui prennent le pouvoir sur nos décisions nous imposeront de réfléchir aux impacts sociétaux et environnementaux. Sur ces sujets de prospective, une formation audacieuse s’avère cruciale pour anticiper les mouvements stratégiques les plus décisifs.
Avec Pierre Varrod, directeur des études, nous avons rencontré Guillaume lors de nos rendez-vous à l’Orange Lab de San Francisco, rencontre incontournable de l’imm chaque année. Après deux années de contexte sanitaire nous ayant contraints à ne plus voyager, nous cherchions une personne capable de nous accompagner - l’équipe et les membres du Conseil Scientifique - sur la conception de la mission d’étude de cette année. La coïncidence a voulu que Guillaume de retour en France était disponible pour cette mission. Et nous nous réjouissons de cette collaboration.
Rosa Luna-Palma, DGA MediaSchool & DG imm leadership program
Guillaume, peux-tu te présenter en quelques lignes, nous expliquer ton parcours au Etats-Unis ?
Je suis arrivé aux États-Unis en 2008 à la suite de mes études pour rejoindre la cellule de veille du groupe Bouygues Télécom à San Jose. Par la suite, souhaitant toujours évoluer dans le domaine des télécoms et voulant garder une attache avec la France, j’ai rejoint « Orange Silicon Valley », le bureau d’innovation d’Orange à San Francisco. Chez Orange mon travail a beaucoup évolué au fil du temps. J’ai tout d’abord travaillé sur le développement d’une plateforme de streaming vidéo, projet qui a été avorté à la suite du rachat de Dailymotion par Orange. Je me suis ensuite focalisé sur les sujets media – gaming sur set-top boxes, expériences « second écrans », Transmedia, etc. En 2013, j’ai participé au lancement et j’ai pris en charge le bureau d’Orange à Santa Monica – ouvert dans un premier temps en partenariat avec Havas. Notre but était de comprendre comment l’écosystème media et Hollywood évoluaient avec le développement de technologies à l’époque nouvelles comme le Big Data ou certaines formes d’AI. Via notre activité a Los Angeles, nous avons par exemple investi et travaillé avec une entreprise de réalité virtuelle nommée Wevr, que nous allons rencontrer avec la 36e promotion de l’imm à Los Angeles dans leurs studios situés à côté des Studios de Warner Bros à Burbank.
En parallèle j’ai participé au lancement du programme d’accélération, Orange Fab à San Francisco, qui s’est étendu a plus de 30 pays, dont le but est d’identifier les meilleures start-ups US avec lesquelles Orange peut travailler ou dans lesquelles Orange peut investir.
Dernièrement j’étais responsable d’une équipe de quinze analystes (organises autour de 10 thématiques : Entertainment, Industry 4.0, Sustainability, Future of Work, etc.) en charge de faire de la veille technologique, des recommandations stratégiques aux dirigeants d’Orange, de l’investissement et des partenariats. Via notre programme de co-innovation « Fab Force » devenu « Hello Vision », nous avons régulièrement échangé avec des grands groupes clients d’Orange pour les aider dans leur transformation digitale, notamment en les mettant en relation avec des startups innovantes.
Comment as-tu connu la formation imm ?
J’ai rencontré l’imm à plusieurs reprises, à l’occasion de leurs venues dans les bureaux d’Orange Sillicon Valley à San Francisco. Notre CEO à l’époque George Nahon, donnait une masterclass aux participants de l’imm sur les tendances de la Silicon Valley. J’intervenais alors auprès du groupe pour présenter l’univers américain des médias et des contenus.
Après ces deux années de COVID qu’est-ce qui a changé dans ces univers au Etats-Unis ?
C’est effectivement une année un peu particulière pour cette 36e mission d’étude, puisqu’elle intervient après 2 années de COVID. Notre vie a complétement été digitalisée, nos salons se sont transformés à la fois en espace d’entertainement, mais aussi en bureau, en salle de gym, en salle de consultation médicale parfois, et même en espace de shopping. Non seulement notre environnement a changé, mais nos habitudes, également, ce sont-elles qui contrôlent les industries désormais, en fonction de ces changements, l’industrie des médias a énormément évolué. Dans un premier temps, l’objectif de cette mission sera de se demander comment les industries américaines ont évolué dans le domaine des médias. Puis, comment les développements technologiques, survenus pendant la pandémie, ont impacté ce secteur et quelles opportunités vont-ils créer dans le futur.
Est-ce que tu peux nous dire quelles entreprises les membres de la promotion ont rencontré cette année ? Et nous parler des thématiques qui se démarquent de ce voyage d’étude ?
Dans le cadre de cette forte évolution nous allons rencontrer des entreprises dans le domaine du streaming vidéo comme Netflix, mais aussi du streaming audio comme Tidal, fondé par un collectif d’artiste dont Jay-Z, puis racheté par Square en 2021. Il y aura bien sûr des thèmes récurrents, comme le metaverse on va voir que ce n’est pas qu’un environnement virtuel, c’est aussi une collection de nouvelles technologies. Pour comprendre le metaverse nous allons voir des entreprises qui composent toutes ses couches technologiques. On rencontrera par exemple des entreprises qui s’occupent de créer ces environnements virtuels, comme Niantic ou Wevr. En passant par des fournisseurs de hardware, qui permettent la création de ces univers, comme NVIDIA . Mais aussi en s’intéressant à des entreprises qui permettent de supporter de nouveaux modèles de monétisation à destination de ces environnements comme Solana. Ce sont des entreprises du Web 3.0 – l’émergence des applications qui s’appuient sur la technologie de la blockchain, connue aujourd’hui via l’utilisation des cryptos monnaies – qui permettent grâce à sa technologie de traçabilité plusieurs choses. La propriété d’actifs digitaux, les fameux NFT, qui offrent aux artistes un nouveau moyen de rémunérer leurs contenus, par exemple en assurant des royalties sur toute la durée de vie d’une œuvre. Cette technologie permet également d’assurer le suivi et le transfert d’objets virtuels d’un environnement à un autre, ainsi pour pouvoir naviguer dans le metaverse nous avons besoin de la blockchain pour faire par exemple passer son identité virtuelle de Roblox à Sandbox. Et au-dessus de ces couches qui composent la fondation de cet univers, il y a également des sociétés de services, comme Everyrealm que nous allons rencontrer à New York. Qui achète des parcelles de terrains virtuels dans tous ces environnements pour les proposer à la location à des entreprises qui souhaiteraient créer du contenu dans le metaverse.
D’après toi, que peuvent tirer les participants d’une expérience comme celle-ci ?
Le but d’une mission d’étude comme ça, c’est d’ouvrir une fenêtre sur le futur. Les États-Unis possèdent un écosystème qui permet à des idées folles d’émerger, parce qu’il y a des personnes prêtent à prendre des risques. C’est en quelque sorte une confrontation au futur que ces sociétés sont en train de créer.
Guillaume Payan, Founder Stealth