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IA : La course effrénée des innovations

IA : La course effrénée des innovations 

« En tant qu’IA strategist, ce qui m'inquiète, même si je suis fasciné par l'évolution de ChatGPT ou Claude, c’est que notre avenir en Europe va aussi dépendre de notre indépendance par rapport aux technologies IA. Et donc, si on ne fait que dépendre des acteurs comme Open AI, on va avoir un petit souci, surtout sous le contexte géopolitique actuel », David Grunewald.


L’IMM c’est un programme axé sur l’innovation, avec 45 intervenants à Paris, et 25 rendez-vous aux Etats-Unis.

Nous avons interviewé David Grunewald, IA strategist, professionnel reconnu du marketing digital et intervenant IMM, pour en apprendre plus sur les outils qui vont révolutionner notre quotidien.



Alena HAILLY

David, tu es un acteur qui aide à gagner du temps et à améliorer la productivité grâce aux outils de l’IA. Peux-tu te présenter ?


David GRUNEWALD

Je suis ravi de faire partie des intervenants de l’IMM et d'avoir pu participer à des sessions d'entraînement avec une équipe très dynamique que je trouve vraiment très agréable. Je donne beaucoup de séminaires, mais je trouve qu'il y avait vraiment une bonne « vibe », comme on dit dans ce groupe, que je retrouve pour la 2e année consécutive.
Je suis le fondateur de Pluginto.AI qui est une société de consultance en intelligence artificielle. Je suis actif depuis 2 ans dans ce secteur. Auparavant, j'ai été pendant 28 ans dans les agences de pub dans le marketing digital, et stratège ou manager en agences créatives.
Qu'est-ce qui a fait que j'ai décidé de changer de métier ? C'est une formation que j'ai suivie il y a 3 ans au MIT. Le MIT n’était pas une formation technique mais une formation stratégique sur l'impact de l'IA dans nos processus de travail et l'organisation du travail dans la plupart des sociétés. Et ça m'a vraiment ouvert les yeux sur l'impact non seulement de ChatGPT et des large language model (LLM), mais aussi sur d'autres solutions aujourd'hui. J’étais loin d’imaginer l’optimisation que ça pouvait entraîner.


A.H

Quelle est ton expertise ? Quelle est ta raison d’être au quotidien ?


D.G

Mon why, c'est vraiment de pouvoir augmenter la capacité de chaque individu dans l'exercice de ses fonctions au niveau professionnel, mais aussi dans sa vie.Je dis toujours en commençant mes séminaires que « ce n'est jamais arrivé dans l'histoire de l'humanité ». Nous avons dans nos mains un outil IA qui est démocratique, accessible dans la plupart des cas, gratuitement ou pour pas grand-chose, qui est à peu de choses près, la même intelligence artificielle et la même puissance que ce que les ingénieurs de la NASA ont, pour développer les prochains plans de voyage sur d'autres planètes ; que les stratégies des plus grandes armées de ce monde utilisent pour les plans de défenses ; et que les plus grands chercheurs utilisent pour faire avancer la médecine. À peu de choses près, ils n'ont pas une IA qui est 10 fois plus avancée que celle que nous avons à notre disposition. 

Donc moi, aujourd'hui, mon constat, c'est : qu'est-ce qu'on en fait ?
Comment est-ce qu'on aide les gens à tirer pleinement profit de cet IA démocratique ? On parle de fracture digitale de manière générale, mais toute personne qui a aujourd'hui accès à un smartphone a accès à une forme d'IA qui lui permettra de mieux travailler, mais aussi de mieux étudier, de mieux apprendre et de mieux fonctionner dans la vie de tous les jours.
Et donc c'est un peu ma mission aujourd'hui, mon bâton de pèlerin : celle de former, d'informer et de former les gens pour mieux utiliser l'IA. A ne pas en avoir peur, à juste avoir un regard critique.


A.H

Au niveau de l’actualité, il y a le sommet IA à Paris en ce moment, tout le monde en parle, tout le monde dit que c’est une révolution, qu’en dis-tu ?


D.G 

C’est bel et bien une révolution, c'est un tsunami depuis la démocratisation de ChatGPT où on a tous « découvert » ce qu'était l'IA, et ce, même si l’IA est en développement depuis les années 50. Mais c'est un tsunami surtout parce que dans n'importe quelle industrie, tous les managers comprennent que pour gagner en productivité, pour gagner en efficacité et en compétitivité, il va falloir intégrer certaines solutions. Ce qui est assez troublant, c'est qu’aujourd'hui, tout se développe tellement vite, qu’ensuite une IA devient une référence, mais elle est dépassée deux semaines plus tard, par ce que son concurrent vient de sortir des nouvelles fonctionnalités, qui sont supérieures. Et donc c'est difficile d'y voir clair.

Il ne faut pas tarder, il faut prendre le train tant qu’il n’est pas trop rapide, tant qu'il est en marche, sinon on ne va plus monter dans le wagon et on va se faire complètement dépasser.
Mais par où commencer son implémentation de l'IA ? Et puis finalement, quelle solution choisir ? Entre ChatGPT, Claude, Gemini, DeepSeek, Mistral…

En addition, il y a les autres IA que j'appelle les I-verticales qui permettent de soulager certaines tâches pour les employés qui sont dans des missions répétitives, rébarbatives. J'ai un background plutôt stratégique et je comprends aujourd'hui que la capacité de l’IA, c’est aussi d’aider les entrepreneurs, les entreprises dans les processus de travail et de conseiller.


A.H

Quelle est ta vision de l’IA à termes ? Est-ce que ce sera les LLM ou les agents ?


D.G

Alors, sans rentrer dans des détails techniques, le large language model (LLM) ce sont des modèles comme Chat GPT, comme Claude, qui ont été entraînés sur des milliards d'informations, qui viennent piocher à peu près dans tout ce qui se trouve sur le web, que ce soit Wikipédia, l'ensemble de la presse, l'ensemble des bouquins, l'ensemble des revues et des articles scientifiques académiques…
Tout ça est vectorisé. Il génère ensuite des tokens, c'est-à-dire des séquences numériques, et utilise des paramètres pour reconstruire les phrases mot à mot.
Grosso modo le LLM, c'est aujourd'hui ce qui constitue l'IA et plus principalement l’IA-Générative qui va répondre à nos questions mais sur des modèles plutôt textuels.
Les LLM nous permettent d'avoir des assistants qui sont capables d'entendre mes questions, de me répondre avec une voix humaine, d'utiliser du Computer Vision, de comprendre l'environnement dans lequel je suis et de me donner des informations.

La grande différence avec les agents IA, c'est que les agents IA sont capables non seulement de m'apporter des réponses, mais aussi de planifier et de réaliser des tâches de manière beaucoup plus autonome. Ça veut dire que, je vais pouvoir paramétrer un agent en lui demandant si un prospect a laissé un message sur notre site web et s’il est intéressé par un produit ; et de me mettre toutes ces informations dans la base de données du CRM ; et en même temps d'envoyer un e-mail automatique à ce prospect pour le remercier de sa demande. Il y a une chaîne d'automatisation. Demain je vais aussi pouvoir demander à mon agent de me faire un résumé des messages que je n’ai pas lu ou d’annuler ma réunion. 

On est dans une logique de renforcement des équipes dans le cas où 3 personnes sont malades, ou d’une épidémie de grippe, et qu’on est sur un gros pitch ou parce qu’on a un gros projet et qu’on n'a pas trouvé de freelance…[…] Donc tu vois en fait y a toute une constellation dans mon environnement. C'est le côté magique !


A.H

Dans quelle mesure peut-on éloigner les craintes liées à l’IA ?


D.G 

C’est l'année de l’IA. Le problème, c'est que je trouve qu'on ne substantifie pas suffisamment dans la presse. On n'explique pas suffisamment les enjeux. On fait un peu l'amalgame entre les assistants et les agents et je pense que c'est pas suffisamment tangible pour les gens. Mais aujourd'hui, il y a déjà des systèmes qui permettent d'avoir des agents beaucoup plus poussés et d'avoir un Teams virtuel qui vient aider une entreprise.


A.H

Peux-tu partager avec nous 4 outils qui vont changer le quotidien des leaders des industries culturelles et créatives ?


D.G 

Aujourd'hui, Perplexity c'est mon meilleur ami. Je ne fais plus une seule recherche professionnelle sans passer par Perplexity, qui va aller me chercher des informations les plus récentes et les plus pertinentes par rapport à un sujet de recherche. Il va me faire un premier résumé en me donnant les sources que je peux vérifier. Quelle que soit l'industrie et certainement dans l'industrie de la communication, des médias et du marketing, cette IA est à suivre.

Deuxièmement, je pense que il faut suivre un petit peu l'évolution de Gemini 10 Research et de Deep Research qui vont complètement changer la donne.
On est dans une fracture digitale, car c’est payant et non accessible dans tous les pays, mais ce sont des agents qui vont performer.

Ensuite, je pense qu’il faut choisir son assistant entre ChatGPT ou Mistral ou Cocorico. Et pourquoi ne pas penser un peu plus exclusivement européen ?
Parce que, ce qui m'inquiète, même si je suis fasciné par l'évolution de ChatGPT ou Claude, je pense que notre avenir en Europe va aussi dépendre de notre indépendance par rapport aux technologies IA. Et donc, si on ne fait que dépendre des acteurs comme Open AI, on va avoir un petit souci, certainement sous l'ère Trump, donc je trouve qu'il faut peut-être un peu plus privilégier des produits comme Mistral qui sont à peu de choses près à même niveau, parfois même un peu plus performant en coding que ChatGPT.

Mais le public n'est pas encore assez informé, n'est pas encore assez rassuré par rapport aux compétences de Mistral, mais je trouve que ça devrait être votre compagnon de tous les jours.

Et puis un incontournable, il y a MidJourney qui requiert une certaine grammaire et une approche spécifique qui implique des notions en photographie. C'est assez complexe, ça donne des résultats incroyables, mais à côté de ça, moi j'ai une application que j'adore, qui s'appelle Ideogram, qui est d'une simplicité à utiliser.
On n'a pas à faire des prompts compliqués et ça donne aussi des images hyper réalistes avec une faculté aussi de modifier ses propres images. Pour moi, c'est LE no-brainer à avoir.

Et puis le dernier, on est tous amené à faire des PowerPoint, je conseille Gamma qui permet de faire des slides d’assez bonne qualité avec les textes qu’on importe. Mais c’est une mise en page et une génération d'images qui sont bien réalisées 7 fois sur 10 et qui demandent un peu de modification mais je gagne quand même beaucoup de temps en utilisant ces apps.

Voilà les must have.


A.H

Pour finir, peux-tu parler d’un cas concret où tu as accompagné un client du secteur sur l’IA ?


D.G 

Pour un média grand public notamment, qui a des radios, j'ai eu la chance de former les équipes par rapport aux techniques de prompt Engineering pour faire en sorte que ChatGPT soit pas seulement utilisé à 20%, mais à 80% de ses possibilités. C'est déjà une première acculturation dans l'entreprise pour dire « on va élever le niveau de tout le monde pour mieux utiliser l'outil qui est en place ».
Et puis j'ai eu aussi l'occasion de développer des chatbot, notamment en créant le clonage de voix d'un animateur vedette à travers son avatar avec une interface où les gens peuvent lui poser des questions sur leur groupe préféré, les tendances musicales… Et donc d'avoir des réponses basées sur toute la littérature et les livres que cet animateur a pu écrire par le passé. C'était assez amusant à faire.


A.H

Un mot pour la fin ?

D.G 
Il est important de s'y intéresser même si on en entend beaucoup parler.
Je pense que, à partir du moment où on commence à travailler un peu sur notre curiosité et tester certaines choses, d'abord, ça nous permet de nous débarrasser de nos craintes, de mieux comprendre l'apport que l'on peut avoir dans notre pratique personnelle et au quotidien dans notre travail ; de continuer à exercer notre esprit critique ; de voir comment on va l'utiliser…
On n'est pas en train de l'utiliser tous azimuts, mais je pense que c'est important de dépasser ses angoisses parce que ce qui est sûr, c'est que demain, une personne qui va être augmentée à travers la bonne utilisation d'outils sera non seulement plus performante dans l'entreprise, mais sera également apaisée parce qu’on va pouvoir déléguer des choses, qu'on aime moins faire et qui nous prennent du temps ; qui nous pèsent moralement et physiquement ; et ainsi, nous épanouir un peu plus sur des choses qui ont une vraie valeur ajoutée.


Alors de nouveau, on peut parler du « grand remplacement de l'IA où des jobs vont disparaître » ?
Oui, il y a certaines formes de job où certains jobs qui vont disparaître, mais il y a aussi des nouveaux jobs qui vont être créés et il y a des jobs qui vont être augmentés pour des meilleures conditions de travail également. Et ça de nouveau, je trouve qu’il faudrait un peu mieux équilibrer le débat, certainement dans les médias, et de donner envie aux gens de faire les premiers pas et de faire leur propre expérience plutôt que de regarder ça en disant : « c'est pas pour moi, parce que c'est pas fiable, parce que ça va me remplacer ». Je trouve que c'est pas le bon débat.


A.H

Pour finir, je vais juste rappeler que tu as fait top 1 des interventions IMM cette année, pour ces premières sessions. Tu as atteint un taux de satisfaction globale de 100% donc c'est un sans-faute ! Incroyable.


D.G

J’avoue que j'aime bien les bulletins, mais un beau bulletin pareil, j'en ai rarement eu, ça me fait vraiment très plaisir et ça fait partie de ma mission.
Comme je disais, si je peux augmenter les capacités de chaque individu avec des approches très pragmatiques, et c'est un petit peu aujourd'hui ce sur quoi je m'attelle : c'est apporter des solutions, donner envie aux gens et leur expliquer exactement comment ça fonctionne.



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